Interview de Nathalie KIENGA

Créée en Avril 2019, Africa Security Partners regroupe de nombreux experts, professionnels et passionnés de la sécurité de l’information.

Nathalie KIENGA est analyste risques et cybersécurité dans le secteur bancaire en Suisse. 
Titulaire d’un MBA Cybersécurité de l’École de Guerre Économique, elle réalise des missions de sécurité SI à forte valeur ajoutée au sein de grandes entreprises et institutions à l’international. 
De façon générale, ses activités n’ont pas de frontières et elle essaie de participer activement au développement et à la promotion de la cybersécurité dans l’espace francophone et sur le continent africain notamment à travers la création de son association, Africa Security Partners.

CIberObs : Africa Security Partners est une association qui agit pour la promotion de la cybersécurité en Afrique. Quelle est l’ambition de votre association par rapport aux nombreuses initiatives déjà existantes dans ce domaine ?

Nathalie KIENGA : L’ambition première est de définir collectivement les exigences sécurité minimales correspondant aux réalités des pays africains afin de prévenir d’un bon nombre de cyberattaques de masse dont les États et leurs entreprises sont fréquemment victimes.

Nous avons construit notre modèle, nos objectifs et nos valeurs en partant du constat que la cybersécurité en Afrique est un véritable enjeu économique, institutionnel et sociétal. 

Nos 4 grands principes (Stratégie, Éducation, Protection, Égalité) et les actions associées, nous permettent de nous positionner en tant que réelle référence de la cyberculture et de la confiance numérique en Afrique. 

La vulnérabilité du continent ne fait que s’accroître à mesure de l’évolution des nouvelles technologies. Aujourd’hui et plus que jamais, la population qui utilise ces nouvelles technologies doit être outillée et préparée afin de faire face aux cyber menaces. 

Nous donnons les clés et les outils nécessaires à toutes les parties prenantes pour une bonne hygiène numérique, une bonne gouvernance et une meilleure protection du capital informationnel.  

CIberObs : Décrivez-nous vos actions 

Nathalie KIENGA : Nous valorisons les opportunités de la Sécurité de l’Information sur deux volets essentiels : 

1/ La sensibilisation et la formation devant être réalisées à partir du sommet des États à la société civile en passant par les entreprises privées. Nous mettons un point d’honneur sur l’importance de la sécurité et sur son impact pour chacun. Environ 60 % des violations de données sont causées suite à une erreur humaine 
 
2/ L’investissement qui est une nécessité. Investir dans des outils technologiques corrects, sûrs et accessibles est essentiel. 

Nous outils et référentiels permettent aux organisations publiques et privées de connaître leur niveau de maturité sécurité et les coûts probables engendrés par des vulnérabilités non adressées.

Enfin, nous souhaitons mettre en place des programmes spécialisés et structurés à destination de la jeunesse africaine et des professionnels du secteur afin que ceux-ci puissent développer connaissances et compétences et ainsi élargir leurs opportunités notamment sur le marché du travail.

D’ailleurs, notre ouvrirons dans les prochains mois notre premier Institut de Cybersécurité et Sécurité des Infrastructures en Afrique Centrale.

CIberObs : Qu’est-ce qui motive votre projet de lancer un centre de formation ?

Nathalie KIENGA : La cybersécurité sur le continent est devenue, ces dernières années, un véritable sujet. Les risques et enjeux liés à ce domaine sont d’une grande importance et il est devenu plus que pertinent de mettre en place les moyens éducatifs, techniques et fonctionnels pour se protéger. 

Il existe un manque de compétences et de connaissances sur ces sujets et le problème ne va pas se résoudre facilement car la sécurité de l’information en est encore à ses prémices sur le terrain. 

L’Institut de Cybersécurité et Sécurité des Infrastructures est une réponse à cet enjeu. L’idée est de proposer une vraie formation de longue durée qui soit complémentaire aux cursus existants et permette d’augmenter le nombre d’experts dans le domaine. Notre objectif est de former entre 100 à 150 personnes par année.

CIberObs : Quelles collaborations envisagez-vous pour réussir ce projet ?

Nathalie KIENGA : Nous avons besoin des entreprises privées locales à deux titres. D’abord comme soutien afin d’assurer le financement de la formation. 

Ensuite, nous cherchons des entreprises qui puissent proposer des stages ou des périodes de professionnalisation aux étudiants, un élément clé de la formation. Ces entreprises ont besoin de ressources compétentes dans le domaine de la cybersécurité et nous souhaitons leur fournir ces compétences. 

En outre, nous nous sommes entourés de partenaires solides et de première heure tels que CIberObs, le CESIA ou encore la société ACG Cybersecurity.

CIberObs : La cybersécurité est à la mode en ce moment mais est-ce un sujet pour l’Afrique ? 

Nathalie KIENGA : Plus que jamais. Le continent vit une transformation numérique lourde, le chantier est large. 

Ces dernières années, les différents acteurs et décideurs ont fait le constat que la cybersécurité est devenue nécessaire. Néanmoins, l’absence d’une bonne gouvernance sécurité dans certains pays ou de l’application de la réglementation concernant la protection de la donnée restent préoccupant. 

L’Afrique, c’est un milliard d’utilisateurs internet à l’horizon 2022. Il est plus que nécessaire d’adresser le sujet et de travailler collectivement afin d’acquérir un niveau de sécurité globale suffisant. 

CIberObs : Comment voyez-vous évoluer le secteur de la sécurité de l’information, des biens et des personnes (qui regroupe tellement de métiers différents) ?

Nathalie KIENGA : La sécurité de l’Information, des biens et des personnes renvoie à de nombreuses disciplines et j’espère que l’accélération des échanges entre toutes les parties prenantes consolidera une gouvernance cohérente et rationnelle.

CIberObs : Quelles sont les prochaines étapes ? 

Nathalie KIENGA : Nous organisons 4 opérations de cyberculture (formations et sessions de sensibilisation) par an sur le continent africain.

Nous serons à Kinshasa en Mars et Avril. Au Bénin, Togo et en Côte d’Ivoire les mois prochains. Toutes les dates sont disponibles sur notre site internet.

CIberObs : Que pouvons-nous souhaiter à Africa Security Partners ? 

Nathalie KIENGA : De continuer à poursuivre nos efforts pour une meilleure culture cybersécurité sur le continent à travers nos actions. Nous sommes d’ailleurs continuellement à la recherche de partenaires pour prendre part à nos actions. 

Nous avons espoir que nos initiatives participent à la prise de conscience de certains décideurs privés et publics et que la sécurité de l’information occupe la place qu’elle mérite au sein des entreprises comme réel outil de gestion et de création,  et à plus grande échelle au sein de la société comme un moyen de protection du capital informationnel et économique.

Pour nous rejoindre ou nous soutenir : 
www.africasecuritypartners.org
info@africasecuritypartners.org