CiberObs, dans le cadre de l’organisation de son Forum intitulé Cybersecurity Africa Forum (CAF) prévu en Côte d’Ivoire pour le 7 Juin 2021 en collaboration avec le Forum International de la Cybersécurité (FIC) a tenu un webinaire le 25/02/2021 à 19 heures GMT, avec pour thème la coopération internationale en matière de lutte contre la cybercriminalité, suivi par plus de 150 personnes venant de divers horizons.
Comme intervenants, nous pouvons citer :
- Le Général Watin-AUGOUARD : Fondateur et Co-Directeur du FIC
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : Directeur de la Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques (DITT) de Côte d’Ivoire
Et comme modérateurs :
- Franck KIE : Fondateur CIBEROBS
- Amélie RIVES : Responsable de la programmation du FIC
Les questions abordées et les réponses de nos intervenants lors de ce webinaire :
Question 1, Amélie RIVES : Qu’est-ce que la coopération? , pourquoi coopérer ? quelles sont les bases d’une coopération efficace ?
- Pour le Général Watin-AUGOUARD, il est important de rappeler la définition de ce mot :
- Coopérer signifie « agir avec », se mettre à plusieurs pour obtenir un résultat.
- La coopération pour lutter contre le crime est apparue nécessaire dès le début du 20ème siècle, ce a permis la naissance d’INTERPOL en 1923.
- La coopération a pour finalité de préserver une société à laquelle, nous sommes attachés et qui a de la valeur.
- Augmenter les capacités d’agir en les mettant ensemble
- Une coopération ne peut avoir lieu qu’avec des coopérants de mêmes valeurs
- Pour le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA, il faut :
- Des règles établies, comme celles de la convention de Budapest datant de 2001 et de la convention de Malabo et des directives de la CEDEAO.
- La prise en compte des contextes locaux et des législations locales par les GAFAM. Surtout pour des infrastructures où victimes et suspects sont sur le même territoire.
- Cette coopération est plus efficace quand les victimes se trouvent en Europe et les cybercriminels en Afrique, dans l’autre sens la coopération est plus difficile.
- On se retrouve donc face à un problème de bonne foi dans l’application des textes
Question 2, Franck KIE : Pouvez-vous nous donner des exemples de cybercriminalité résolus grâce à la coopération internationale ?
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : Il y a eu plusieurs cas :
- Le cas des transactions frauduleuses sur les plateformes d’un grand opérateur téléphonique présent dans l’ensemble des pays Ouest Africain
- Le cas d’accès frauduleux au système de vente de billets d’avion, résolu grâce à une belle coopération entre la Côte d’Ivoire, le Sénégal et les Etats Unis.
- Le Général Watin-AUGOUARD parle des cas de cyberattaques subits par l’Europe depuis les pays de l’Europe de l’Est.
- Les cas avec l’Afrique tournent autour d’escroquerie et de sextorsion
- Cybercriminalité est la criminalité du 21ème siècle, car les cybercriminels estiment qu’ils obtiennent un résultat exceptionnel pour un risque très faible
Question 3, Amélie RIVES : Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux conventions de Budapest et Malabo ? Qu’est-ce qu’elles permettent ?
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : La Côte d’Ivoire n’a pas encore adhéré à la convention de Budapest.
- La convention de Malabo permet de définir les objectifs et les orientations de la société
- Les Directives de la CEDEAO permettent d’encadrer la rédaction des textes de sorte à faciliter la coopération
- Le Général Watin-AUGOUARD : Une évolution de la convention de Budapest est en cours de rédaction. En Europe 85% des preuves sont numérique et plus de 50% sont détenues à l’étranger
- Permet de faciliter une coopération Nord-Sud et renforcer une volonté conjointe
Question 4, Franck KIE : Quelles sont les difficultés rencontrées dans la coopération internationale ? Quelles sont les solutions à proposer pour renforcer cette coopération ?
- Le Général Watin-AUGOUARD : Les acteurs privés ont le monopole dans plusieurs domaines du numérique
- Ils sont parfois plus puissants que des Etats
- Une souveraineté des Etats est nécessaire pour surmontés les difficultés .
- Le 21ème siècle sera le siècle de l’Afrique, car un développement considérable va se produire grâce au numérique
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : La quasi-totalité des données en Afrique sont détenues à l’étranger.
- Ce qui peut être choquant en Afrique peut ne pas l’être pour les GAFAM et l’inverse.
- Les formes de cybercriminalités sont différentes d’une région du monde à une autre.
Question 5, Franck KIE : Quel est le rôle de la plateforme de la lutte contre la cybercriminalité (PLCC) dans la lutte contre la cybercriminalité ?
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : La PLCC en Côte d’Ivoire a été mise en place par le biais de la coopération du régulateur du service des télécommunications et la direction générale de la police nationale, elle a pour missions :
- Effectuer des enquêtes judiciaires relatives aux différents textes de lutte contre la cybercriminalité
- Mener des actions de sensibilisation
- Contribuer à la formation technique des agents de police (nationaux et non nationaux)
- Participer à l’élaboration de moyens techniques nouveaux au service des enquêteurs
- Participer à l’élaboration de textes de lois en Côte d’Ivoire
- La PLCC est une entité d’investigation pénale, elle se compose du centre de fusion et d’analyses de données pour toutes les investigations techniques. La structure d’investigation technique est le CFAD. Le CFAD assure l’acquisition de données d’investigation via : coopération avec le secteur privé, extraction forensic, collecte de données open sources, etc…
Question 6, Amélie RIVES : Quelles sont les prochaines étapes pour le renforcement de la coopération internationale ?
- Le Lieutenant-Colonel Guelpétchin OUATTARA : Le grand défini reste la compréhension des environnements locaux dans la mise en place d’une coopération internationale
- Le Général Watin-AUGOUARD : une coopération doit se reposer sur la relation entre les personnes.