Il est impératif d’encourager le financement de grands projets d’infrastructures numériques et de cybersécurité africains afin de réaliser l’objectif d’inclusion numérique du continent. Pour y parvenir, il convient de renforcer la coopération entre le public, le privé et la société civile grâce à une réglementation claire, des partenariats public-privé et une sensibilisation aux enjeux du numérique et de la cybersécurité.
Les confinements liés à la pandémie de Covid-19 ont ouvert la voie à une accélération de la digitalisation de l’Afrique. Notamment grâce à la numérisation de certains services et la généralisation du télétravail. Ainsi, entre 2019 et 2021, l’utilisation d’internet a augmenté de 23% sur le continent comme l’a révélé l’ONG Internet Society. Néanmoins, une majorité des Africains ne peuvent accéder à ces services, faute d’une connexion Internet stable.
Pour combler cette fracture numérique, il faudrait dépenser environ 100 milliards de dollars d’ici 2030 selon un rapport de la Broadband Commission de 2019. Autant dire qu’il est nécessaire d’encourager dès maintenant les financements de grands projets d’infrastructures numériques et de cybersécurité africains !
Ces financements ne seront permis que par un renforcement de la coopération entre le public, le privé et la société civile. Ceci, afin de mutualiser les atouts de chacun et mieux identifier les besoins. Pour y parvenir, il est néanmoins essentiel de bâtir un cadre réglementaire clair, puissant et adapté permettant d’élever le niveau de confiance entre chacun des acteurs.
En effet, pour attirer les investissements privés dans les infrastructures numériques il est nécessaire d’établir des normes efficaces de sécurité numérique. De plus, clarifier les règles protégeant les données personnelles est un impératif pour rassurer les citoyens et donc susciter l’adhésion de la société civile à la transformation numérique du continent. C’est pourquoi il faut encourager les États à légiférer dans ces domaines, ratifier la Convention de l’Union africaine sur la cybersécurité et la protection des données et élaborer des stratégies nationales de cybersécurité et de digitalisation – à l’instar des stratégies « Sénégal Numérique 2025 » et « Digital Egypt ».
Parallèlement à ces efforts normatifs, il est nécessaire de stimuler l’écosystème Cyber africain grâce à une action politique visant à attirer les investisseurs. Les États et leurs services publics doivent contribuer au financement de projets d’infrastructures numériques par le biais d’appels d’offres et de partenariats afin de faire d’inviter le privé à la politique d’inclusion numérique. C’est d’ailleurs un des axes de développement stratégique de La Poste de Côte d’Ivoire, tiers de confiance historique qui offre désormais son vaste réseau national, comme guichet de prestations multi-services aux populations (services d’inclusion sociale, numérique, financière… et bientôt énergétique). L’alliance de La Poste Côte d’Ivoire avec les acteurs du digital est une vraie opportunité de modernisation des services de l’administration publique.
Aussi, cette politique d’inclusion numérique du public doit être accompagnée par le privé, à l’image de ce qu’effectue Westlink Africa. En effet, la filiale d’Africa Development Solutions (ADS) contribue à la souveraineté numérique de l’Afrique en concourant à l’aménagement numérique des territoires africains et en conseillant les administrations dans l’utilisation des TIC pour numériser les services fournis aux administrés.
Les États peuvent d’ailleurs recourir à l’expertise et au savoir précieux de leaders mondiaux comme Huawei et Atos afin de mieux identifier les réglementations et financements essentiels en matière de numérique et de cybersécurité.
En outre, puisque les transformations socio-économiques sont souvent précédées d’une transformation culturelle, il est essentiel de faire évoluer les consciences afin de rompre avec « l’illettrisme numérique » dont est, parfois, victime le continent. Pour y parvenir, il convient de sensibiliser la société civile aux enjeux du numérique et de cybersécurité (ce que permet le Cyber Africa Forum dont la prochaine édition se tiendra du 24 au 25 avril prochain) et multiplier les formations comme l’accomplit Huawei avec son programme ICT Academy au moyen duquel des étudiants sont formés à l’IA et à la cybersécurité grâce à des partenariats avec de multiples universités africaines.
Enfin, gardons-nous de noircir le tableau ! En effet, grâce à sa population jeune, connectée et dynamique, l’Afrique détient de grands atouts pour accélérer sa digitalisation. C’est d’ailleurs pourquoi le marché africain du numérique ne s’est jamais aussi bien porté. Et pour cause, selon un rapport de la Société financière internationale et de Google, l’économie numérique du continent pourrait atteindre 180 milliards de dollars d’ici 2025 soit 5,2% de son PIB. De quoi encourager les investisseurs !
Adnane BEN HALIMA, Vice-Président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa
Alpha BARRY, Directeur Général d’Atos Africa
Djalil ASSOUMA, Directeur Général de Westlink Africa
Isaac GNAMBA-YAO, Directeur Général de La Poste Côte d’Ivoire & Président du Conseil d’Administration de l’Union Postale Universelle (UPU)