Pour accélérer sereinement sa transformation numérique, le continent
africain doit constituer un écosystème proactif capable de le doter de cyber-
défenses résilientes et en phase avec les évolutions de la menace cybercriminelle.
Ceci passe nécessairement par un renforcement de la collaboration public-privé et
multisectorielle.
La récente cyberattaque dont a été victime l’Autorité sénégalaise de régulation des
télécommunications et des postes (ARTP) en octobre dernier a révélé un phénomène
inquiétant et trop souvent passé sous silence : l’Afrique est en proie à une cybercriminalité
galopante !
Ainsi, en 2021, les actes cybercriminels ont occasionné 4,12 milliards de dollars de
dommages en Afrique et ont affecté 64% des entreprises africaines. Et pour cause, plus le
continent accélère sa transformation numérique et plus il est – hélas ! – attractif pour les
cybercriminels. De cette crise émerge cependant une véritable opportunité pour l’Afrique :
celle de renforcer sa cybersécurité, clé d’une véritable confiance numérique.
Pour la saisir, l’ensemble des pays du continent doivent contribuer à la constitution d’un puissant
écosystème proactif en la matière afin de faire de leur transformation numérique non pas
une faiblesse mais une force ! Et cela passe nécessairement par un renforcement de la
collaboration public-privé.
En effet, loin de s’opposer, le public et le privé sont complémentaires : alors que le
cyberespace est en grande partie exploité par le privé, c’est l’État qui détient l’ultime
pouvoir de le réguler. De plus, le privé détient de grandes facultés en termes de savoir, de
compétence et d’innovation, tandis que le public possède une capacité d’influence et des
moyens financiers importants. Ainsi, alliés et solidaires, le public et le privé sont capables
de constituer un puissant écosystème cyber au sein duquel peuvent émerger des
partenariats ambitieux conférant au continent une véritable cyber-résilience !
Cette coopération public-privé que l’on espère et dont la mise en œuvre pourrait être
facilitée par l’expertise de cabinets tels que McKinsey, doit se concentrer en grande partie
dans la Recherche et le Développement (R&D), le partage d’informations relatives aux
cybermenaces (threat intelligence) ou encore la formation et sensibilisation aux
problématiques Cyber. Concernant la formation, Huawei montre l’exemple via son
programme ICT Academy, qui s’appuie sur des partenariats avec de multiples universités
africaines pour former des milliers d’étudiants dans le domaine (entre autres) de la
cybersécurité. Quant à la sensibilisation, celle-ci doit s’opérer grâce à des plateformes
comme Ciberobs ou le Cyber Africa Forum et des rencontres pour l’ensemble de la société
civile. En effet, une grande partie des cybercriminels réussissent leurs attaques en
profitant de l’ignorance et de la négligence humaines.
Néanmoins, ce puissant écosystème cyber alliant public et privé n’émergera qu’avec une forte
volonté politique. Le Sénégal affiche cette volonté. Nous en voulons pour propre la
structuration de son écosystème par les autorités avec, entre autres, l’ARTP, la Commission de
protection des Données Personnelles (CDP), la récente création de l’École nationale de
cybersécurité à vocation régionale ou encore les objectifs de sa stratégie Sénégal Numérique 2025
stimulant la collaboration public-privé en la matière. Ainsi, le Sénégal peut être un véritable cyber-
leader, en mesure de participer à la constitution d’un écosystème Cyber régional permettant à
l’Afrique d’accélérer sa transformation numérique en toute sérénité.
Adnane Ben Halima – Vice-Président en charge des relations publiques (Huawei
Northern Africa)
Amadou Ly – Membre du Collège de régulation (ARTP)
Abdou Niang – Security Manager Threat Intelligence (McKinsey)