Adnane Ben Halima (VP Relations Publiques de Huawei NA) : « Pour nous, la cybersécurité est une priorité absolue »

ENTRETIEN – Adnane Ben Halima, Vice-Président en charge des relations publiques de Huawei Northern Africa, explique à Ciberobs l’importance de la cybersécurité et la place qu’elle doit prendre sur le continent africain.

Quelle place accordez-vous à la cybersécurité chez Huawei ?

Pour nous, la cybersécurité est une priorité absolue. Elle est intégrée dans nos produits dès leur conception conformément à notre objectif de Privacy by design. De plus, avec notre programme Business Continuity Management, nous nous assurons également que les composants qui sont fournis pour nos produits ne présentent absolument aucun défaut de sécurité. Pour cela, nous vérifions leur conformité en répondant aux plus hautes exigences de qualité et de sécurité. La cybersécurité doit, en effet, être une priorité et non pas intervenir dans un second temps tel un simple accessoire ajouté après la fabrication du produit.

Par ailleurs, nous avons mis en place deux centres de transparence à Shenzhen et Bruxelles, par le biais desquels nos partenaires et clients peuvent tester la sécurité de nos produits. Cela nous permet de recueillir d’éventuels retours d’expérience très utiles pour renforcer davantage la cybersécurité.

Enfin, la cybersécurité fait partie de l’ensemble des processus de notre gouvernance. En effet, elle est administrée par un département en lien direct avec le PDG, qui dispose d’un droit de veto sur tout projet pouvant présenter des risques.

Comment faire en sorte que la cybersécurité ne soit plus considérée comme un coût mais comme une valeur ajoutée ?

Hélas, la cybersécurité est trop souvent considérée comme un coût qui ne génère aucun profit. Par conséquent, beaucoup d’acteurs minimisent les risques. Pire, beaucoup d’organisations passent sous silence le fait qu’elles ont été victimes de cyberattaques, comme s’il s’agissait d’une honte. C’est pourquoi, nous sommes convaincus qu’il importe de sensibiliser sur l’importance de la cybersécurité. Il est essentiel de faire comprendre qu’il ne s’agit non pas d’un coût mais, effectivement, d’une véritable valeur ajoutée.

J’aime rappeler que la cybersécurité est le capital confiance permettant de lier les usagers aux systèmes qu’ils utilisent en toute sérénité. Par conséquent, sans elle, il n’y a pas de confiance et, de facto, la transformation numérique est alors remise en cause. En effet, qui voudrait d’une transformation digitale générant toujours plus de crises et de risques ? Ainsi, nous voyons bien que la cybersécurité n’est pas un coût. Bien au contraire, elle est essentielle, incontournable et décisive pour mener à bien l’ascension pérenne et sûre du numérique. 

Puisqu’une grande partie des cyberattaques profitent de failles humaines (comme le démontre le mode opératoire des brouteurs), la sensibilisation aux enjeux de cybersécurité demeure très importante. Comment l’entreprise Huawei agit-elle pour sensibiliser et former les acteurs et citoyens africains à la cybersécurité ?

Nous avons élaboré le programme ICT Academy, en collaboration avec plus de 350 collèges et universités spécialisés dans les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) et considérés comme les meilleurs, dans 14 pays de la région Northern Africa[1]. L’objectif est de former les étudiants aux technologies de pointe, telles que le cloud, l’intelligence artificielle ou encore la cybersécurité. Ces formations permettent à celles et ceux qui les suivent d’obtenir in fine une certification.

Par ailleurs, nous avons également lancé le programmeSeeds For The Future en 2015 dans la région Northern Africa, afin de faire émerger, puis d’accompagner les jeunes talents dans le secteur des TIC et ainsi leur permettre de développer du mieux possible leurs compétences et connaissances. Parmi les 1 800 jeunes talents ayant participé au programme dans 20 pays sur le continent africain, près de 500 se sont rendus en Chine afin d’en apprendre davantage sur les dernières technologies numériques, tout en leur permettant parallèlement de vivre une expérience interculturelle.

Pour doter le continent africain d’une puissante cybersécurité, il est nécessaire que les multiples acteurs qui le composent agissent de manière cohérente. Quelle est l’action de Huawei pour y parvenir ?

Si les multiples acteurs africains veulent agir dans le même sens, il est essentiel qu’ils parlent le même langage. En effet, la cybersécurité est l’affaire de tous. Il s’agit un écosystème composé de pléthore d’acteurs devant collaborer ensemble afin de proposer des recommandations communes et prescrire les bonnes pratiques que tout un chacun se doit de respecter. C’est ce à quoi contribuent très bien leCyber Africa Forum (CAF) et Ciberobs, pour ne citer que ces deux exemples. C’est notamment la raison pour laquelle Huawei insiste tant sur le respect des standards et réglementations.

Chez Huawei, nous souhaitons sincèrement que l’ensemble de nos collaborateurs s’obligent à parler un langage commun grâce à des standards universels afin qu’il n’y ait plus de frontières entre les sous-systèmes. Nous pensons que cette exigence doit être incluse de façon rigoureuse dans les choix technologiques des uns et des autres afin d’avoir des systèmes interfonctionnels plus fluides et homogènes et non pas hétérogènes comme nous pouvons le constater parfois. 

En quoi la Côte d’Ivoire est-elle un exemple à suivre en matière de cybersécurité ?

La Côte d’Ivoire est un très bon exemple à suivre tant le pays est un précurseur dans le domaine de la cybersécurité. Je tiens vraiment à saluer le niveau de conscience qui existe, les actions entreprises par le gouvernement ivoirien pour renforcer la cybersécurité étant considérables. Les enjeux que représente la cybersécurité font en effet l’objet d’une vision claire et long-termiste. C’est pourquoi, chez Huawei, nous sommes ravis d’accompagner le gouvernement ivoirien dans sa transformation numérique, notamment en matière de sécurité informatique.

De plus, il existe en Côte d’Ivoire de nombreuses initiatives importantes comme le Cyber Africa Forum à Abidjan auquel j’ai participé depuis le lancement de la 1e édition en 2021 et dans lequel l’écosystème cyber se renforce. A travers ces espaces de rencontres et d’échanges, nous constatons que l’écosystème numérique ivoirien connaît une forte croissance, prenant parallèlement conscience des enjeux et défis de la transformation digitale, lesquels sont considérables. Ceci est rassurant et très positif.


[1] La région Northern Africa comprend les 28 pays au-dessus de l’équateur, essentiellement francophones.