L’égalité dans l’économie numérique: pour une meilleure inclusion des femmes africaines

« La technologie a le pouvoir de transformer nos vies, mais seulement si nous nous engageons à la rendre accessible à tous. «  Megan SMITH

Margaret Hamilton ,Annie Easley , Annie Nyaboke Wakesho et Fatim Cissé pour ne citer que celles-là, ne sont pas seulement des self-made-women . Elles ont réussi à percer le plafond de verre que la société leur a implicitement imposé ….Elles ont également un point commun: elles font partie des virtuoses de l’innovation et de la technologie de leurs époques.
Même si cela peut paraître encourageant, la question de l’inclusion reste une gageure complexe.

Quelques chiffres clés sur le sujet:
Selon MicroSave Consulting
● l’Afrique est le 1er continent de l’entrepreneuriat féminin où les femmes produisent près de 65 % des biens du continent;
● En 2020, seulement 27% des femmes exercent des métiers liés à la technologie;
● Le taux d’alphabétisation des garçons est 1.3 fois plus élevé que celui des filles.
Selon une étude menée par ONU femmes en 2021,sur les 3,7 milliards de personnes n’ayant pas accès à internet, dans le monde entier, la moitié sont des femmes.
Le mouvement des femmes africaines dans la santé du digitale lors d’une conférence tenue le 13 Décembre 2022 à Kigali,déplore la faible représentativité de la gent féminine dans le secteur de la recherche et du développement (R&D).
Selon le collectif Femmes@numérique :
● Les femmes occupent environ 30% des postes dans le digital;
● Moins de 15% d’entre elles occupent des fonctions à fortes responsabilités dans le monde;
● Seulement 8% d’entre elles sont des fondateurs de startups dans le monde.

Ces chiffres, nous amènent au point focal suivant : pour un monde digital inclusif, l’innovation et la technologie pour l’égalité des sexes restent à renforcer.
Comment comprendre la sous- représentation des femmes qui durant les années 70-80 faisaient partie de 40 % des effectifs des filières informatiques à l’aube du numérique dans les pays développés selon Femmes@numérique?
Cela tient au stéréotype conçu autour du « geek solitaire  » amenant les filles à s’orienter moins vers les filières scientifiques et technologiques durant le cycle secondaire. De plus, les success stories des patrons du GAFAM contribuent fortement à ancrer cette idée préconçue au sein de la pensée collective. Face à la pression sociale, certaines femmes se retrouvent à faire un choix drastique sur la trajectoire professionnelle, au détriment de leur bon vouloir. Cependant, d’autres femmes préfèrent impacter dans l’ombre.
Dans plusieurs pays d’Afrique, les femmes ont souvent pris en charge les tâches domestiques et ont fortement soutenu la carrière de leurs conjoints contribuant à leurs ascensions sociales. Toutefois, cela a constitué une entrave à la réalisation de leur propre projet professionnel. Cette vision traditionnelle du travail a mené à une sous-représentation des femmes dans le domaine de la technologie. Cette tendance récurrente, souvent accompagnée de concessions, a conduit les femmes à être enfermées dans des tâches socialement dévalorisées par l’imaginaire populaire actuel. En outre, certains courants de pensée fondamentalistes enferment les femmes dans un carcan d’inertie, dans lequel seules les plus éclairées et courageuses peuvent trouver leur salut par l’autodétermination. La liberté de choix de carrière reste encore l’apanage des filles issues de classes modestes et aisées.
Plusieurs initiatives visant à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes ont été lancées sur le continent africain notamment: « les jeunes africaines savent coder » , l’augmentation de l’aide publique au développement initiée par l’OCDE , Digital – Nation Africa et la journée de la femme digitale (JFD). Par ailleurs, certaines ONG de bon aloi avec les gouvernements africains continuent de mener des actions de terrain en ce sens .
L’égalité des sexes dans les domaines de l’innovation et la technologie semble se défaire progressivement, des affres des clichés pour emprunter le chemin de la méritocratie.

Ciberobs, communauté de professionnels et d’experts de la cybersécurité en Afrique, a décidé de marquer un point d’honneur à la question de l’inclusion dans le digital durant ce mois de mars 2023 . Cette communauté a offert une tribune d’échange à ce sujet. L’événement a été animé par des professionnelles et expertes du digital autour du thème « pour un monde inclusif, Innovation et technologie pour l’égalité des sexes « .
Le webinaire du 25 mars 2023, a permis d’inscrire définitivement la question de l’inclusion des femmes dans l’économie numérique et comment créer un monde digital plus équitable.

Brice KOFFI

Références bibliographiques
https://www.spiritbko.com/digital-ces-femmes-africaines-inspirantes-quil-faut-suivre-n-2022/
https://www.jeuneafrique.com/664363/economie/les-femmes-actrices-de-la-communication-digitale-africaine/
https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2021/10/feature-addressing-the-digital-gender-divide-in-africa
https://www.microsave.net/fr/blog/2020/04/03/les-femmes-simposent-progressivement-dans-lecosysteme-tech-en-afrique/
https://www.speakupafrica.org/fr/cphia-2022-le-mouvement-femmes-africaines-dans-la-sante-digitale-lance-a-kigali/#:~:text=Ces%20obstacles%20excluent%20la%20majorit%C3%A9,50%25%20de%20la%20populations%20g%C3%A9n%C3%A9rale.
https://afrique.latribune.fr/think-tank/tribunes/2019-07-10/le-digital-veritable-outil-d-integration-professionnelle-pour-les-femmes-en-afrique-823197.html
https://www.therollingnotes.com/2019/06/19/promouvoir-digital-autonomisation-femmes-africaines/
https://www.joinjfd.com/jfdclub/
https://www.oecd-ilibrary.org/development/le-financement-de-l-egalite-femmes-hommes-au-sahel-et-en-afrique-de-l-ouest_02e4f750-fr